T3-047R-03 (voir en contexte)

   Cette prodigieuse inertie, cette impuissance du centre s'explique de plusieurs manières :    L'inexcusable mollesse des administrations giron- dines avait partout enhardi la sourde résistance des malveillants, des royalistes ; avant le 2 juin, ils ne faisaient rien, se moquant sous cape du gouverne- ment ; et après , ils ne firent rien, prenant le 2 juin pour prétexte, se disant trop bons républicains pour obéir à une tyrannie anarchique.  Le centre était montagnard, les extrémités giron- dines. Ces deux Frances se méconnaissaient. Les Girondins s'obstinaient à croire que la Montagne était orléaniste, jusqu'à ce qu'elle eut coupé la tête au duc d'Orléans. Les Montagnards croyaient que Girondins et Vendéens étaient à peu près synonymes, et ils le croyaient encore, même après qu'une ville girondine eut frappé sur la Vendée le coup décisif sans lequel tout eût péri.    On a pitié de voir ces deux Frances héroïques se battant ainsi dans la nuit. Rien d'étonnant. Elles traî- naient misérablement l'héritage de l'ancienne France, sa maladie invétérée, la préoccupation des indi- vidus ; le idées ne venaient qu'aprés. On avait perdu tout l'hiver pour l'individu Louis XVI. On perdit tout le printemps pour d'autres individus, Roland ou Vergniaud, Marat, Robespierre. Incurable ma- ladie de faire et de défaire des dieux. Robespierre est dieu quelque temps. Puis, quelques années sans dieu. Mais alors tout désespère. Il faut s'en faire vite un autre, celui-ci plus glorieux, et qui mange plus de