T3-177R-01 (voir en contexte)

VARIÉTÉS DANTON M. Robinet nous adresse une réplique à la réponse de M. Hamel. La lettre de M. Robinet est une mise en demeure catégorique; et, malgré ce caractère, – à cause de ce caractère au contraire, – nous croyons devoir l'insérer. On peut être Dantonien, Robespierriste, Hébertiste ou Girondin. On peut appré-cier plus ou moins favorablement, plus ou moins sévèrement la conduite politique des hommes de la Révolution. Mais quand c'est l'honnêté privée de quelques-uns de ces grands hommes qui est en cause, on comprend qu'il ne suffise pas d'assertions aussi vagues que l'ex-pression d'un sentiment personnel. L'épreuve redoutable qu'ont eu à subir les héros révolutionnaires, c'est d'avoir été en butte, non-seulement aux attaques d'une réaction acharnée, mais encore à des rivalités implacables de la part de ceux-là mêmes qui étaient leurs coreli-gionnaires politiques. Danton y a laissé sa tête. Doit-il aussi y laisser l'honneur de sa mémoire ? M. Robinet ne le pense pas, il a raison. Plusieurs écrivains consciencieux avant lui s'étaient déjà dévoués à cette tâche, et ils avaient entrepris les recherches les plus minutieuses pour approfondir toutes les circonstances de nature à favoriser les soupçons. Est-il permis à un historien sérieux de ne pas tenir compte de ces travaux; et suffit-il pour les écarter d'un mot dédaigneux comme celui employé par M. Hamel à l'égard du remarquable Mé-moire de M. Robinet, qualifié cavalièrement de ridicule dans l'Histoire de Robespierre. Nous ne le croyons pas. Et voilà pourquoi nous insérons la lettre de M. Robinet comme une satisfaction donnée à la cons-cience révolutionnaire (1). LUCIEN DUBOIS. A Monsieur Lucien Dubois, Paris, le 5 Shakespeare 79 (13 septembre 1867). Monsieur, Pensant avec vous que l'article de M. Ernest Hamel, sur Robespierre, inséré dans le Courrier français, du 11 de ce mois, est une réponse à une critique du 31 août dernier, bien que l'auteur n'ait pas cru devoir indiquer cette circonstance, je viens vous prier de vouloir bien rendre publiques les observations qu'il ne pou-vait manquer de susciter. M. Hamel s'en est tenu, dans sa réponse, à des généralités tellement vagues et si peu en rapport avec certaines de ses affir-mations antérieures, qu'il n'est pas aisé de savoir s'il maintient ou s'il retire les très graves accusations qu'il a portées contre Danton dans son Histoire de Robes-pierre, lesquelles nous avaient amené à contester publiquement son impartialité. Cette réponse ne change donc en rien la situation, et il faut aujourd'hui, plus que jamais, ou fournir LES PREUVES de l'immo-ralité privée, de la vénalité et des dilapi-dations du conventionnel, ou retirer une accusation qui devient calomnie, dès lors que l'on n'a pu, après plus de soixante an-nées d'efforts, de recherches et de discussion, l'appuyer d'un seul fait. Ceci s'adresse à tous les écrivains robes-pierristes, autant qu'à Hamel lui-même, lequel n'a fait du reste, à cet égard, qu'ag-graver le système antérieurement suivi par M. Louis Blanc.